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Compléments pour l'éditeur
Editions Artima
dans la famille  


Préambule
Ce texte est une compilation. Au fil, disons, des quinze dernières années, nous avons, à diverses reprises proposé des corrections suite aux nombreuses sottises racontées de ci de là. Citer des noms n'a pas grande utilité, mais, en particulier, trois personnes ont largement alimenté diverses sources documentaires du net par des informations plus ou moins fausse et/ou fantaisistes. Il en reste encore aujourd'hui ...

Pour les avoir beaucoup étudiées, les éditions Artima/Arédit se sont peu à peu imposées comme l'ensemble le plus intéressant du demi-siècle, disons 1940/1990.
A n'en pas douter, cette période correspond approximativement à la période d'activité du couple Keirsbilk (normalement Keirsbilck). Entreprise probablement trop personnelle pour survivre à son créateur, l'analyse fine de leurs parutions montre une qualité d'anticipation que seul le temps a fini par réduire. Les fantaisies de la commission de censure n'ont pas non plus aidé.

Les grandes périodes

A l'analyse des Ours de leurs publications, on distingue :

  • Les Editions Artima,
  • Artima, un département des Presses de la Cité
  • Productions Arédit (Groupe PdlC)
  • Cette dernière entité fera l'objet d'une scission apparente, la partie 'Comics' étant imputée à Artima-OCO à partir de début 1978, en liaison probable avec les conséquences potentielles des décisions de la commision de censure.
    (OCO=Office de Centralisation d'ouvrages)

    Nonobstant ces modifications apparentes, le mode de travail interne a peu changé, à part un essai d'organisation abandonné par pragmatisme pour inefficacité. Nous en reparlerons.
    Reprenons et précisons ces périodes.

    Les éditions Artima

    Sans certitude, nous datons leur début en 1943. Pour avoir travaillé un bon moment sur une collection de matériel 'préhistorique', nous ne pouvons croire qu'un tel matériel a été produit en quelques mois, avec de nombreuses rééditions disponibles déjà à la fin de la 2e guerre. Quelques rares dates trouvées de ci de là tendent à confirmer cela. Le nom d'Artima est la contraction d'Artisans en Imagerie, la présence du mot 'artisan' étant, à cette époque d'occupation allemande, obligatoire pour démarrer des activités d'édition, avec ce qu'elles entrainent, comme la disponibilité de papier ...
    Artima démarre donc l'édition d'ouvrages pour enfants, coloriages dominants, avec des animaux, des contes de fées, des classiques neutres, et pas de BD initialement. A cet effet, des "dessinateurs" sont recrutés et quelques BDs seront introduites peu à peu.
    Le démarrage s'effectue autour d'albums de coloriage (crayon ou peinture) en nombre important, d'abord en gestion éparpillée, sans identifiant ni date utilisable. Nous avons relevé une quinzaine d'ouvrages préhistoriques de ce type comme :

  • Album à colorier - Les chansons françaises (il était un petit navire ..),
  • Regarde comme je peins bien ! par J. Pruvost,
  • Toto peintre par J.-A. Dupuich,
  • au milieu d'autres du même genre.

    Notons ici que la version 'PC' de la Database contient un certain nombre de séries associées à une famille "LE-Livres d'enfants", données qui n'ont pas été portées dans la version internet pour l'instant. Les surfeurs intéressés peuvent nous contacter pour plus de détails, La version en cours d'élaboration (v5) pourrait s'ouvrir sur ce type de matériel.

    Artima va rapidement mettre en place son système de numérotation à 4 chiffres, par collection, en commençant au n° 1000 (ce qui fait sérieux et impose les 4 chiffres ...), en lançant une "Série 1000" que nous suspectons d'avoir comporté jusqu'à 200 titres, et proposant uniquement des coloriages.
    Notons que les numéros figuraient le plus souvent dans un coin du 4e plat, mais qu'ils étaient en général effacés dans les rééditions.
    Eléments de preuve :
  • "L'apprenti artiste" signé en 1942 est le n° 1001, signature D.M.
  • "Au Pays Basque" - Album à colorier porte le n° 1182

  • Il reste possible que l'éditeur ait utilisé des séquences par thème, et que, en conséquence tous les numéros n'aient pas été utilisés, mais cela parait contradictoire avec les usages constatés chez eux.
    Cette collection est hétéroclite, et propose des albums parfois à l'italienne, parfois à la française dont les tailles fluctuent autour du A4. La publication n'est jamais datée, mais il arrive que le dessin le soit.

    La fin de la guerre semble libérer les énergies bédéphiles et Artima lance alors la collection mixte dite "Série 2000" dont les premiers fascicules porteront tout de même un numéro d'autorisation ou d'homologation, signes évidents de la période de fin de guerre ...
    Nous avons distingué trois parties dans cette colection, dite 'petit format', un peu abusivement, et qui ne dépassera pas le n° 2115, à notre connaissance, les titres à partir de 2200 formant une autre collection ...

    La partie dite "Collections Artima (hors BD) comporte, dans notre recensement, une bonne quarantaine de titres comme :
  • 2001 "L'étrange voyage de Fipo" par Trubert
  • 2035 "Perrault - Cendrillon" par M. Degueldre
  • 2081 "Loula le fétiche ensorcelé ..." par J.-A. Dupuich
  • Rappellons qu'il s'agit bien de livres illustrés, par exemple, Loula est créditée à Noëlle Norman côté histoire. A ce titre, ils ne figurent toujours pas dans la Database Internet actuelle.

    La partie dite "ARTIMA Collections BD enfants" débute au 2003 avec "Riqui Puce". Il s'agit de petite histoires naïves. Les titres identifiés sont répertoriés sous ce nom de série dans la famille BD de la Database (37 titres ou rééditions à ce jour).

    La partie dite "ARTIMA Série 2000 Petit Format" est constituée de BDs s'adressant à un public plus adolescent/adulte. "Escale 7" de Melliès est une sorte de précurseur publié au n° 2007. Le même dessinateur publiera un peu plus tard "Le fantôme bleu du Hoggar", mais la partie BD ne viendra qu'encore plus tard, avec une séquence vers 2060 puis vers 2100. Nous avons relevé une petite trentaine d'albums plus des rééditions, déjà.
    Comme précédemment, ce matériel est rarement daté.

    En parallèle, apparemment (du fait de numéros d'homologation pour les premiers titres), Artima lance une série 2200, qualifiée de 'grand format'. Il sera ainsi publié une bonne cinquantaine de titres, avant qu'une organisation précisée peu à peu (via des annonces type : Le mois prochain) se mette en place. Elle sera accompagnée d'une régularisation progressive des rythmes de parution, en liaison avec les habitudes des lecteurs.

    Cette approche en deux "lignes", petit et grand format sera conservée et amplifiée avec une forme italienne systématique des publications (...). Avec les deux séries "Une aventure de" d'abord, puis ultérieurement avec "Audax" (petit) et Dynamic (grand).
    Pour ces productions, l'approche "collection" a été conservée. Les publications sont multi-héros, avec, par exemple Bill Tornade (de Bob Dan) et Luc Hardy (de Roger Melliès) dans Audax, donc le titre complet est "Audax présente ...".

    Tout cela nous mène à fin 1953, mais Artima ne s'endort pas peu à peu.

    Sous des influences non identifiées, les Keirsbilk lancent, dès février 1952, ce qui deviendra la fameuse "collection Artima". 175x230, 36 pages pour 35F. Le premier titre est "Ardan-Tim l'Audace" qui concrétise l'approche en série par héros. Personnage des frères Giordan, il est aussitôt repris par Bob Leguay qui s'en occupera pendant presque une dizaine d'années avant de voguer vers des cieux plus érotiques.
    En avril 1952, c'est "Aventures Film" (attention à l'orthographe) qui suit et va rapidement se concentrer sur le Tex Bill de Roger Melliès.
    En octobre 1952, Les deux collections Audax et Dynamic basculent en mode à la française tout en maintenant en supplément les quelques BDs qui avaient été préparées à l'italienne. On stabilise pendant les premiers mois de 1953, puis ...

    Dès le mois de mai de cette année, l'éditeur lance Météor, une série de SF en petit format (160x220) et en orientation à la française, sur 20 pages seulement. Tout est toujours français, les textes (pour beaucoup de Lortac) et le reste de Raoul Giordan. Les dessins sont un peu statiques, la morphologie des mouvements maladroite, mais cela donne un charme particulier. La SF, inexplorée ou presque en BD à l'époque, a un grand succès. Cette série a fortement marqué ses lecteurs qui ne l'oublieront pas.
    On peut raisonnablement penser que le format plus petit de cette série avait été influencé par le début de développement du PF chez d'autres éditeurs, mais encore bien timide à l'époque. En fait, la collection Artima se développe, rencontre un beau succès et, après 8 numéros mensuels, Météor sera aligné au format 175x230.

    On arrive au début 1954, avec une petite incursion dans le monde des petits enfants (lancement de Didine et Entre Amis en décembre 1953), et deux nouvelles séries viennent s'ajouter à la Collection Artima : Tarou et Vigor. En notant que l'approche mono-personnage se confirme, au moins au niveau des titres, le contenu subit désormais les oukases de la commission de censure qui impose des personnages différents dans un même fascicule. Pour les détails, consultez les éléments bibliographiques qui sont ajoutés peu à peu. En mars, c'est "Red Canyon", en mai "Sylvie" et en novembre, les petits peuvent désormais lire "Mitchi".
    Et nous voilà début 1955, avec le lancement d'"Ouragan" en janvier, "Hardy" en février, "Tempest" en mars, "Fulgor" en mai qui compense l'arrêt de "Sylvie", trop en avance sur son temps. Artima termine l'année avec 15 titres à son catalogue, dont 12 pour la seule Collection Artima.

    En 1956, calme apparent en début d'année avec juste le lancement de Kéni, encore un titre pour les petits. Mais en fait, en lien probable avec le succès de la collection Artima, la renommée d'Artima a franchi les frontières de la France. Selon une source interne, c'est Carol Rheinstrom, directeur marketing de DC Comics qui va contacter Emile Keirsbilk, probablement début 1956 et pour simplifier, lui 'ouvrir' son catalogue. Un nouveau monde apparaît alors : l'adaptation de BDs étrangères, dont il faut rappeler que la loi de 1949 avait quasiment interdit la pénétration en France. Pour ne pas violer cette dernière, il faudra adapter le matériel étranger à nos règles et ce que les puristes ont appelé du charcutage a commencé comme ça.
    En parallèle, le développement du PF se confirme en France et Artima va utiliser le matériel DC pour lancer, en Octobre 1956, les deux titres Foxie et Big Boy. Cela ne stoppera pas la suite de l'expansion de la collection Artima, tout du moins pas avant quelques années, mais ici, l'histoire est mieux connue.

    La phase d'expansion continue et nous sauterons directement à 1962.

    Artima, un département des Presses de la Cité

    Dans sa croissance, Artima est freinée. Trouver des textes et les adapter en BD n'est pas simple. Trois événements vont ouvrir des voies d'expansion dans lesquelles l'éditeur va s'investir.
    Le premier s'appelle "Presses de la Cité". Cet éditeur a entamé, vers la fin des années 1950, une croissance externe en 'rachetant' le Fleuve Noir puis les éditions GP. Interessés par la BD, ils proposent à Artima de rejoindre leur groupe en échange de l'accès illimité à leur matériel littéraire.
    En second, depuis quelques années, Emile Keirsbilk avait établi des relations anglo-saxonnes avec, notamment et principalement, D-C Thomson et la Fleetway. Il récupérait ainsi du matériel étranger à adapter, mais cela ne lui suffisait pas.
    Le troisième événement est plus 'personnel' ...
    Sans entrer dans l'histoire de sa famille, il se trouve que son fils (Claude) avait épousé une demoiselle Toray, fille d'un éditeur Barcelonais, et que de nombreuses relations avaient été établies avec des dessinateurs espagnols, nombreux et sous-payés chez eux. Le plan est donc clair. On s'allie aux PDLC, on récupère des textes et on les fait dessiner par le 'studio' maison, voire par celui de Josep Toutain (SI) lui aussi installé du côté de Barcelone.
    La signature intervient fin 1961 et est matérialisée par la mention de département dès février/mars 1962.[à ajuster]
    Insistons tout de même ici sur la totale fantaisie de l'assertion répandue disant que les PDLC avaient racheté une Artima moribonde suit à l'arrêt de la publication de ses récits complets. Il suffit d'analyser la production complète d'Artima, tous titres confondus, mois après mois, pour constater la bêtise d'une telle déclaration.
    Par ailleurs, les négociations de rachat ont longtemps été confondues avec l'apparition du sigle Arédit sur les fascicules, alors qu'elles ont eu lieu au moins trois ans avant. En fait, le nom Arédit avait déjà été utilisé au 3ème trimestre 1956, et ne peut donc avoir été imposé par les PdlC. En réalité, après ses opérations de croissance externe, les PdlC ont réorganisé la structure de leur groupe et c'est ainsi qu'Artima n'a plus été un département, mais une société (Les Productions Arédit) du groupe. Le changement de nom est intervenu entre le 15 avril et le 1er mai 1965. A compter de cette dernière date le nom ARTIMA a totalement disparu des fascicules, et ne réapparaitra qu'environ 13 ans après. Mais ceci est une autre histoire.



    ©Prokov/DLGDL - v.4.2.0 - 23.03.2020

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